Le village basque d'Arcangues (Pyrénées-Atlantiques) connaissait une vie paisible, à peine troublée par les visites de touristes sur la tombe de Luis Mariano. Mais cela, c'était avant vendredi, jour de l'annonce faite par le maire divers droite de ce village d'à peine plus de 3.000 habitants de son refus de marier les personnes de même sexe à la suite d'une demande formulée oralement par un couple d'hommes à la fin du mois de mai.
Jean-Michel Colo a donc quitté l'anonymat pour la lumière. Des projecteurs qui l'exposent aux critiques comme à d'éventuelles sanctions pour son refus de ne pas appliquer une loi pourtant promulguée le 18 mai dernier. Samedi, Manuel Valls a rappelé que les maires frondeurs s'exposaient à des "sanctions importantes". "Les lois s'appliquent partout et il ne peut pas y avoir la moindre rupture d'égalité. Évidemment s'il y avait rupture d'égalité le procureur serait saisi. Et les élus qui ne respecteraient pas cette égalité, les lois de la République, risquent des sanctions importantes. Donc j'espère que la raison va l'emporter là-bas comme ailleurs", a confié le ministre de l'Intérieur.
"Marier tous les couples n'est pas en option"
"Cette attitude est inacceptable : la République ne tolère aucune exception à l'application de la loi démocratiquement votée", a indiqué de son côté Marc Coatanéa, secrétaire national aux questions de société du Parti socialiste (PS), dans un communiqué publié dimanche. Le PS "rappelle à l'ensemble des maires que leur fonction les oblige à appliquer ou faire appliquer cette même loi". "Certains pensent encore, à l'UMP, pouvoir s'y soustraire : marier tous les couples n'est pas en option. Le Parti socialiste sera particulièrement vigilant sur ce point et dénoncera toutes les discriminations qui pourront être observées", assure le parti.
Jean-Michel Colo devrait prochainement être visé par une plainte pour discrimination, annoncée dans les colonnes de Sud-Ouestpar Alexandre Marcel, président du Comité de défense des homosexuels. L'édile, soutenu par des opposants au mariage pour tous, notamment sur les réseaux sociaux, risquerait alors jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Il pourrait également, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, être suspendu en Conseil des ministres et même faire l'objet d'une révocation.