mercredi 9 janvier 2013

Angoulême au coeur de la mobilisation pour le mariage gay en Poitou-Charentes


Photo d'illustration LUIS ACOSTA

“Homos, hétéros, tous égaux”. C’est sous cette bannière que le Collectif régional L’Égalité Ni + Ni -, les associations Adheos (Saintes), En tous genres (Poitiers) et Aides appellent à manifester en faveur du mariage pour tous le samedi 19 janvier à Angoulême. La manifestation partira de la gare à 14h. 
Une manifestation régionale. “Parce qu’Angoulême est le point noir de la région, avec des réseaux conservateurs très structurés”, souligne Frédéric Hay, le président d’Adheos, le centre gay et lesbien de Charente-Maritime. 
Créé le mois dernier à l’initiative d’Angoumoisins, rassemblant notamment la CGT et Femmes Solidaires, le Collectif Ni+ Ni- réclame les mêmes droits pour  l’accès au mariage, l’adoption et la procréation.
Retrouver le collectif NI+NI sur Facebook. http://www.facebook.com/groups/egalite.ni.plus.ni.moins/517972824902912/?notif_t=group_activity

«Le 13 janvier, c’est la haine qui sera dans la rue»


Source yagg.com

Non, nous – les homo- et bisexuel-le-s – ne sommes pas irresponsables. Oui, nous – les homo- et bisexuel-le-s – avons des enfants. Parce que nous estimons qu'un enfant a surtout besoin de l'amour de son/ses parent(s), qu'il en ait un, deux, trois ou plus, que ce soit volontaire ou un hasard de la vie. Parce que quand on est en couple (et même parfois quand on est célibataire), il arrive souvent – mais pas toujours – que l'on ait envie de prolonger son amour en donnant la vie. Oui, bien sûr, le désir d'enfant est un désir égoïste. Qui, aujourd'hui, dans le monde dans lequel nous vivons, un monde où il est de plus en plus difficile d'être heureux/se, de trouver un travail que l'on aime (un travail tout court), de vivre une vie décente, qui peut prétendre faire un enfant pour le bien de celui-ci? Les plus optimistes diront éventuellement qu'ils/elles font des enfants pour qu'ils/elles sauvent le monde, le rendent meilleur, mais dans la majorité des cas, dans les pays en tout cas où la contraception est accessible, on fait un enfant parce qu'on en a envie. Et ce n'est pas une honte, c'est de l'amour. Que l'on soit homo, bi ou hétéro ne change rien à l'affaire. Prétendre le contraire, c'est (se) mentir.
Le 13 janvier aura lieu la 2e manifestation dite «manif pour tous». Les participant-e-s prétendent y défendre la famille et le Code civil contre les attaques que leur font subir les couples de même sexe. Vouloir avoir le droit de se marier, quand on est 2 hommes ou 2 femmes, ce serait mettre la famille en péril. J'aurais tendance à penser que ce serait plutôt vouloir renforcer l'institution du mariage, mais il faut croire que non. Les participant-e-s à la manifestation du 13 janvier disent aussi lutter contre l'homophobie. Ils/elles le croient sans doute mais ils/elles se trompent: la première cause de l'homophobie, c'est l'inégalité entre homos et hétéros dans la société. Considérer une catégorie de personnes comme n'étant pas égale au reste de la société, considérer qu'elle n'a pas la même valeur, c'est de la discrimination. Le gouvernement a beau tenter de ménager la chèvre et le chou en expliquant qu'on a le droit d'être contre l'égalité des droits, que l'on peut y être opposé-e sans être homophobe, il joue sur les mots.
Quand on est contre l'égalité entre homme et femme, on est sexiste. Comme on est contre l'égalité entre noirs et blancs, on est raciste. Quand on est contre l'égalité entre homos et hétéros, on est homophobe. C'est aussi simple que cela.
Les organisateurs/trices de la «manif pour tous» essaient aussi de faire croire qu'y participeront des personnes de gauche comme de droite. Quand on est de gauche, on n'est pas contre l'égalité. Quand on est de gauche, on n'est pas contre la solidarité. Quand on est de gauche, on ne défile pas contre les droits humains. Quand on est de gauche, on ne marche pas contre l'amour. Quand on est de gauche, on ne se bat pas pour laisser des enfants sans protection juridique. Quand on est de gauche et qu'on a des doutes sur ces questions, on s'abstient.
Quand on marche contre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, on n'est pas de gauche.
La droite manifeste rarement. On le sait, ce n'est pas «dans sa culture». Mais lorsqu'elle appelle à descendre dans la rue – peut-être justement parce qu'elle le fait peu –, elle mobilise en masse. On l'a vu avec l'école libre en 1984, avec le pacs en 1999. On le verra encore le 13 janvier sans doute. La droite, qui estimait qu'il n'était pas nécessaire de manifester – sa colère, sa crainte, son indignation – lorsque Jean-Marie Le Pen s'est retrouvé au second tour d'une élection présidentielle, cette droite nous trouve dangereux/ses au point d'appeler à manifester contre nous. Avec le Front national. La droite, l'extrême droite et les représentant-e-s des religions se sont trouvé un ennemi commun: nous.
Ne vous y trompez pas: le 13 janvier, c'est la haine qui sera dans la rue.